Expérimentations sur notre ferme en biodynamie
Le Monde a récemment publié un dossier sur Rudolf Steiner, « le philosophe qui a fait germer la biodynamie ». Demeter, l’organisme international certificateur, explique que le principe est de considérer la Terre comme un organisme vivant. L’un des piliers est de tenir compte des cycles de la vie pour optimiser les rendements et améliorer la qualité. « La biodynamie s’appuie sur toute l’intelligence de la Nature pour accompagner les plantes et les animaux vers un développement harmonieux ».
Dès l’installation de la famille Vink dans la Drôme à la ferme de Vachères, leur façon de cultiver et leur rapport entretenu à la terre étaient proches des principes évoqués par Rudolf Steiner. Certifiée par Demeter en 2014, notre ferme est depuis officiellement considérée comme biodynamique.
Parmi les actions phares que nous mettons en place, nous retenons :
- l’utilisation du fumier de bovin dans lequel un prépara est ajouté
- la pulvérisation de compost dilué (bouse de corne)
- la pulvérisation de poudre de silice (également maturée dans des cornes de vaches)
- l’apport d’azote dans le sol avec la plantation d’espèces diversifiées, de légumineuses…
En plus de cela, nous avons lancé cette année une expérimentation avec Édith, créatrice des préparations naturelles Aggradem. Les pulvérisations ont lieu d’une part sur les plantations, d’autre part sur le fumier dans les étables.
La LiFoFer
Édith récolte dans les forêts alentours la couche de feuilles en décomposition qui a commencé à agir mais qui ne s’est pas transformée en humus. C’est ce qu’on appelle la « litière forestière fermentée » ou LiFoFer. Cette litière est un concentré de bactéries et champignons, un véritable bouillon de micro-organismes produits naturellement. Afin de les démultiplier, elle y ajoute du petit lait pour les bactéries lactiques, de la mélasse pour le sucre, du son de blé et de l’eau. Le mélange fermente une première fois pendant un mois. Il est ensuite remis en fermentation avec de nouveau de l’eau, de la mélasse et du petit lait afin d’obtenir une solution liquide.
À partir de cette solution à double fermentation, deux produits sont fabriqués :
- un mélange plus fertilisant qu’on utilise sur les cultures
- un mélange assainissant qui va favoriser la décomposition des matières organiques et améliorer la qualité des fumiers.
Expérimentation sur notre mélisse
Dès la fin de l’hiver, lorsque les sols se sont réchauffés, l’expérimentation sur la mélisse a débutée. Elle se poursuit jusqu’à l’automne. Les plants sont pulvérisés une dizaine de fois et les observations se font avant les trois coupes de la saison. L’objectif ? Stimuler la croissance de la plante, l’aider à combattre les pathogènes, favoriser la vie dans le sol, améliorer la qualité et le rendement. Si le sol est sain, la plante ne s’en portera que mieux !
Pulvérisation dans l’étable aux Grangiers
À partir de fin février jusqu’à mi-juin, le fumier de l’étable a été pulvérisé de LiFoFer toutes les deux semaines. En février, les vaches étaient encore dans l’étable. Pavel a dû jouer d’acrobaties pour ne pas se prendre un coup de sabot !
Le fumier étant composté puis répandu dans les cultures, le but est d’obtenir un fumier vivant, de bonne qualité. Le bilan sur sa décomposition se fera à l’automne, puis les effets sur la culture seront observés l’année prochaine.
Les autres expérimentations d’Édith et les premiers résultats
Édith mène dans la vallée plusieurs autres expériences afin de tester ses produits, faire des analyses et croiser ses résultats ; sur d’autres types de culture (blé, noyers, petits fruits, etc.) et chez d’autres éleveurs (chèvre, brebis, vache).
En compagnie d’Agribiodrôme et Terre & Humanisme, elle participe également un projet d’expérimentations sur trois ans chez plusieurs producteurs et éleveurs locaux : « Une alternative agroécologique aux intrants de synthèse » (tout savoir sur ce projet).
Formée auprès de Rézômes depuis deux ans, elle continue de s’appuyer sur eux pour analyser les résultats et rédiger des protocoles. Depuis plusieurs années, Rézômes a déjà fait divers essais avec des céréaliers, viticulteurs, éleveurs, maraichers, etc. Les retours sont probants. Par exemple, les paysagistes de milieux urbains rapportent que les arbres résistent mieux fasse à la sécheresse et aux agressions humaines. Il a aussi été démontré que l’apport de LiFoFer aide à la levée des semis et permet de lutter contre le champignon qui est responsable de la fonte.
Édith tient à mener toutes ses expériences en plein champ. Au-delà d’avoir de potentiels résultats sur l’état de santé de la plante, le but est aussi de mesurer le temps et l’énergie nécessaires à l’agriculteur pour appliquer ces produits.
La collaboration continue donc ces prochains mois sur notre ferme, et nous sommes ravis de réfléchir et expérimenter sur ces sujets qui nous tiennent à cœur.
Plus d’infos sur le travail d’Édith: dunefeuillealautre.com/le-soin-au-jardin/